Il ne faut pas confondre vérité et vérité judiciaire, lit-on souvent sans autre commentaire (à ce sujet, on consultera l’article suivant publié sur Justice-en-ligne après l’acquittement de Bernard Wesphael : Olivier Klees, «
L’acquittement de Bernard Wesphael et la vérité judiciaire »). Comme si cette affirmation péremptoire suffisait à sacraliser la chose jugée, comme s’il était naturel de devoir admettre le jugement des hommes, fussent-ils magistrats, comme une vérité incontestable par nature…
Fragile (et prétentieuse ?) quête que cette recherche de la vérité, même ramenée à la seule trivialité de faits criminels.
C’est sur ce chemin que nous emmène Alessandra d’Angelo au travers d’un des derniers grands procès d’assises.
Une loi récente a en effet réduit à néant, ou presque, les affaires qui étaient déférées au jury populaire pour être désormais attribuées à des chambres correctionnelles composées de juges professionnels (voir à ce sujet l’article de Fanny Vansillette sur Justice-en-ligne, « La Cour d’assises, vers une lente agonie ? »).
Chacun garde encore en mémoire le retentissant procès de Bernard Wesphael, accusé dans un premier temps d’assassinat puis d’homicide volontaire sur la personne de son épouse et finalement acquitté par la cour d’assises du Hainaut le 6 octobre 2016, soit quasiment trois ans après les faits.
L’ouvrage, solidement documenté, retrace ce que le dossier fait apparaître des événements et de la procédure depuis la nuit du 13 octobre 2013 jusqu’à la fin du procès. Original : des QR-codes émaillent les différents chapitres et peuvent être scannés par le lecteur sur son smartphone (via une application gratuite comme Scanbot par exemple), lui donnant ainsi directement accès aux pièces importantes du dossier .
Au-delà de la chronologie de l’enquête, ce livre interpelle le lecteur sur les (dys)fonctionnements d’une certaine justice pénale, sur les errements des expertises et sur les conditions dans lesquelles l’immunité parlementaire de l’accusé fut levée. On pourra relire utilement sur cette dernière question « Pourquoi ne supprime-t-on pas les immunités de juridiction de façon à ce tout le monde soit jugé de la même manière ? » d’Anne Lagerwall, publié sur Justice-en-ligne le 4 février 2016.
Fondamentalement, la question posée par l’auteur est celle de l’émergence du doute : sans l’oralité des débats, c’est-à-dire sans les auditions approfondies de tous les « acteurs » de ce procès, le sort de cet accusé aurait-il été le même ? À ce sujet, on peut relire l’article suivant publié sur Justice-en-ligne : Denis Bosquet, « Cour d’assises : de l’intérêt de l’oralité des débats ».
De là à dire que la cour d’assises serait la panacée, nous nous en garderons bien… Et on (re)lira peut-être le récit d’un autre procès d’assises au titre pratiquement identique, « Moi, Etienne Bastien, présumé coupable », que le chroniqueur judiciaire Philippe Mac Kay a consacré à ce procès étonnant de deux crimes sans cadavre, sans mobile, sans arme, où l’accusé fut condamné à mort en 1989 par la même Cour d’assises du Hainaut.
Votre point de vue
skoby Le 6 avril 2017 à 17:39
Une enquête baclée, un jugement compréhensible puisqu’il manque de preuves
pour condamner le suspect, de très bons avocats, voilà qui explique un
acquittement qui laisse pas mal de doutes dans le public.
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