Le titre original du film est « Just Mercy », ce qui veut dire « juste compassion ».
Cette adaptation au cinéma, par un réalisateur inconnu du grand public, nommé Destin Daniel Cretton, de l’autobiographie de l’avocat noir américain Bryan Stevenson, par ailleurs producteur du film, peut s’analyser au départ d’observations simplement sémantiques, par exemple, le fait qu’en anglais, le mot « preuve » se traduit par « évidence ».
Ce que raconte le film est l’histoire qu’on accède à la justice en suivant la règle de droit, envers et contre tout. Cela va à peu près sans dire chez nous aujourd’hui. Cela relève de l’héroïsme dans l’état américain d’Alabama dans les années ’80. Dans cet état du sud des États-Unis règne un détestable racisme anti noirs hérité de l’esclavagisme des siècles précédents.
L’avocat Bryan Stevenson, mû par l’idéalisme qui lui fait préférer, alors qu’il est sorti de Harvard, à une activité rentable, une mission dans le cadre de l’Aiqual Justice Initiative, sorte d’aide juridique de là-bas, qui consiste à inspecter le « couloir de la mort » de la prison de Monroe.
« Mission » est le mot car le parcours qui nous est raconté confronte le jeune avocat à toute une série d’épreuves, à commencer par une fouille humiliante dès sa première visite à l’établissement pénitentiaire, peuplé quasi exclusivement de noirs, et suivi par l’échec inexplicable d’un premier recours pourtant incontestablement fondé.
Le film se contente de raconter, sans s’embarrasser de psychologie, les épisodes successifs qui mèneront à la remise en liberté d’un homme condamné à mort par une scandaleuse convenance raciste et au mépris de toute « évidence » un peu sérieuse.
La leçon du film est que « le contraire de la pauvreté, c’est la justice ». C’est elle que l’on retiendra, plus que la mise en scène, grâce à une interprétation irréprochable.