Nous avons vu « Les Choses humaines » d’Yvan Attal (sortie en salle le 1er décembre 2021)

par Olivier Collon - 1er décembre 2021

Souvent, la plupart du temps en fait, quand un film se termine, je me fais une réflexion, la première, la mienne, qui nourrira toutes les autres ensuite, avant d’écouter ou de lire les commentaires et les critiques. À la fin des « Choses humaines » et d’ailleurs déjà pendant la vision de ce film, au demeurant irréprochable sur le fond, j’ai ainsi pensé qu’il « charge beaucoup la barque » et, notamment, durant la très longue scène du procès.

L’argument du film est simple et dans l’air du temps. Un jeune homme qui a tout pour lui (parents médiatiques et, sinon fortunés, du moins très à l’aise, étudiant à l’université de Stanford en Californie, doué pour le piano, plutôt beau gosse) est de passage à Paris. Ses parents étant séparés, il va diner chez sa mère et se rend à une soirée avec la fille du compagnon de celle-ci. C’est une fête d’anciens. On ne sait pas ce qui s’y passe mais on l’apprend quand le lendemain il est interpellé par la police lors d’une perquisition dans l’appartement de son père. La jeune fille a déposé plainte contre lui et l’accuse de viol. Oui, de viol. Alors que pas du tout, ils avaient juste été prendre l’air et fumer et quand il avait proposé d’aller dans un local à poubelles d’immeuble, ils s’y étaient rendus rapidement, avaient fumé, il l’avait embrassée puis lui avait demandé une fellation, il avait pris de la coke ; ils avaient eu un rapport assez rapide, rien d’extraordinaire, il avait récupéré sa culotte et, en sortant, il lui avait avoué qu’il s’agissait d’un bizutage, elle s’était mise à pleurer. Il l’avait laissée au milieu de la rue et était retourné à la soirée, la culotte dans la poche.
Le film raconte alors le processus judiciaire : la garde à vue, le premier entretien avec l’avocat commis d’office, la première audition, les prélèvements génétiques, les photos sous tous les angles. Et ainsi de suite. Jusqu’au procès.

La cour d’assises est présidée par une femme blonde âgée d’une petite soixantaine d’années. Elle fait preuve en même temps de curiosité, de douceur et d’autorité.

Toute cette partie du procès, relatée de manière quasi documentaire est parfaite.

On commence à trouver que le réalisateur, Yvan Attal, charge la barque, lorsqu’il en vient aux témoins dits « de moralité ». Le père, d’abord, la mère ensuite, tous deux insupportables de suffisance, chacun à sa manière. C’est le moment – long où l’on identifie les acteurs : Pierre Arditi en remet et Charlotte Gainsbourg, Mme Attal à la ville, encore plus.

Sur le fond, pour l’un et l’autre, un mélange de lieux communs sur #MeToo. Voilà.

C’est le film. On ne peut pas ne pas l’apprécier. Quoi qu’il en soit, roublard ou sincère, il alimentera les discussions.

On peut lui préférer, du même réalisateur, Yvan Attal, « Le Brio » plus sentimental et plus engagé ou « Mon chien stupide », plus drôle. Mais « Les Choses humaines », décidément, on arrête difficilement d’y penser.

Mots-clés associés à cet article : Arrestation, Justice et cinéma, Viol, Garde à vue, Bizutage, Les choses humaines, Me too,

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Olivier Collon


Auteur

avocat honoraire au barreau de Bruxelles

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