Nous avons vu « J’accuse » de Roman Polanski

par Olivier Collon - 3 décembre 2019

L’affaire Dreyfus est celle de nombreuses erreurs judiciaires, inspirées par l’antisémitisme ambiant de la fin du XIXe siècle et du début du siècle suivant, ainsi que par une conception rigide de l’honneur militaire, heureusement sauvé par des personnages tels le colonel Picquart, dont l’action parvint à faire innocenter le capitaine Dreyfus.
Le film « J’accuse », tiré du titre de l’article retentissant d’Émile Zola publié en « une » du journal L’Aurore, raconte cette affaire, sous le prisme, essentiellement, de l’action du colonel Picquart.

Il illustre ainsi l’importance d’une Justice indépendante et impartiale : les procès du capitaine Dreyfus, du colonel Picquart et d’Émile Zola lui-même en sont des contre-exemples, même si, finalement, l’honneur de la Justice française fut rétabli, mais bien tardivement, par la réhabilitation, en 1906, de Dreyfus.

Olivier Collon, avocat au barreau de Bruxelles, évoque ce film.

Il commence par la dégradation spectaculaire du capitaine Dreyfus et se poursuit par une longue mise en place des personnages.

Il faut bien présenter le héros, qui est en réalité le colonel Picquart, incarné par Jean Dujardin, parfait en officier français à l’esprit libre, pas moins antisémite qu’un autre mais attaché à des principes qui ne sont pas ceux de l’armée de l’époque, au premier rang desquels le culte de la vérité et le courage de la recherche de celle-ci.

Le film suit le scénario de Robert Harris, tel qu’il apparaît dans son roman historique intitulé « D » (titre original : « An Officer and a Spy »), lettre initiale de Dreyfus qui marque le dossier secret, constitué par l’administration de l’armée pour le soumettre aux juges militaires en dehors de tout débat contradictoire.

L’enquête historique de Picquart est à rebondissements et fait apparaître une série impressionnante de vieilles ganaches, la plupart interprétées par des acteurs de la Comédie française. On suit cela comme un western classique, on ne peut que prendre parti, évidemment, et, à la fin, bercé par l’habile musique d’Alexandre Desplat, on ne peut que se réjouir de la victoire finale du bien sur le mal.

L’on apprend que ce Picquart terminera sa carrière comme Ministre de la Guerre dans le premier gouvernement Clémenceau.

Un excellent film, mis en scène sans esbroufe par un réalisateur chevronné qui connaît mieux son métier qu’il ne maîtrise sa communication. Et chacun aura son opinion sur l’opportunité d’aller voir ce film, compte tenu du passé du réalisateur, ce dont la presse a largement fait écho.

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Olivier Collon


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avocat honoraire au barreau de Bruxelles

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