L’argument de vente principal du film est l’âge de son réalisateur.
Clint Eastwood, né en 1930, est en effet âgé de 94 ans. Et alors ?
Si l’on prend comme critère la seule longévité, il est battu par le réalisateur portugais Manoel de Oliveira, né en 1908 et qui mourut centenaire peu après avoir réalisé son dernier film.
Le critère est donc irrecevable. On aura plus volontiers égard au métier du cinéaste.
À ce sujet, on s’intéresse, dès les premières images, au côté documentaire du film, dont l’action se déroule au tribunal de Savannah en Géorgie, où a lieu un procès pénal dont les acteurs sont précisément et très concrètement identifiés : les deux avocats, une femme pour l’accusation, un homme pour la défense, dont les relations sont mieux que courtoises, presque amicales, une présidente, méritoirement sourcilleuse quant au respect de la procédure, jusqu’aux jurés qui doivent trouver leur place et comprendre leur rôle.
Les données du procès sont évoquées par quelques détails significatifs dont on retient que l’accusé aurait tué sa compagne au terme d’une violente dispute dans un bar dont celle-ci se serait enfuie sous une pluie battante. Tout cela est parfaitement exposé et mis en place. Jusqu’à ce qu’apparaisse le dilemme moral auquel le juré numéro deux se trouve confronté : que faire ?
On pense à « Douze hommes en colère » de Sidney Lumet pour s’attrister aussitôt de ce que le réalisateur soit incapable de nouer les fils de la délibération du jury qu’il avait pourtant bien repérés et décrits.
Certes, tout est possible, partout, toujours, mais au moins convient-il de dire pourquoi.
Or, le spectateur est placé, sans avoir entendu crier gare, à aucun moment, devant un évènement du scénario d’une importance certaine et sans qu’aucune explication ne lui soit donnée.
Du coup, bien que les péripéties du procès et du délibéré du jury continuent de retenir l’attention, on ne voit plus du tout l’intérêt de l’entreprise.
L’âge de Clint Eastwood n’y fait rien.
Le dernier film de Clint Eastwood, Juré n° 2, est en salle depuis quelques jours. Olivier Collon, avocat honoraire au barreau de Bruxelles (et cinéphile), nous en fait la critique.
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